13.07.2022 - Julian Marx

Quelle est la force de l'euro ?


Quelle est la force de l'euro ?

L'euro a atteint son niveau le plus bas depuis 2002 face au dollar américain. Assistons-nous à un „chant du cygne“ de la monnaie unique ?

Un euro pour un dollar américain – la parité entre les deux monnaies est désormais (à nouveau) atteinte. Depuis le début de l'année, la monnaie unique a perdu environ douze pour cent de sa valeur. Pour celui qui passe ses vacances d'été aux États-Unis cette année, la facture risque d'être salée. En revanche, ceux qui ont investi dans des placements américains en ont profité – ou ont au moins pu compenser une partie de leurs pertes.

Mais que va-t-il se passer maintenant avec notre monnaie commune ? Le “chant du cygne" de la monnaie unique, entonné désormais presque à l'unisson par les médias, est-il justifié ? En effet, outre les taux d' intérêt américains nettement plus élevés que ceux de la zone euro, on peut trouver quelques bonnes raisons pour lesquelles l'euro peut de plus en plus être interprété comme une monnaie faible.

Problèmes structurels dans la zone euro

La zone euro est une tentative de réunir sous un même chapeau de politique monétaire de nombreuses zones économiques différentes ayant chacune des besoins différents. Cela pose des problèmes. Il y a quelques années, un poids relativement léger, du point de vue économique, comme la Grèce, pouvait déjà mettre notre zone monétaire à l'épreuve. Dans le même temps, un poids lourd de l'euro comme l'Italie est confronté depuis des décennies à une faible croissance économique et à une dette publique élevée. Cela crée un potentiel de conflit qui ne se résorbera pas facilement.

La Banque centrale européenne (BCE) doit maintenir la cohésion des intérêts des membres de la zone euro. Mais une politique monétaire qui menace de reléguer son mandat premier de stabilité des prix derrière des objectifs en aval comme l'antifragmentation n'est pas forcément de nature à renforcer la confiance. Du moins pas à première vue. Car du point de vue de la BCE, la situation est évidemment différente. Le mandat de stabilité des prix ne peut être rempli que si l'euro est maintenu. Dans ce contexte, la lutte contre la fragmentation de la zone euro peut être considérée comme une priorité absolue.

Manque d'alternatives

Malgré toutes les critiques, il convient également de se rappeler les points forts de l'euro. La zone euro est l'une des économies les plus performantes du monde. Un peu plus de 340 millions de citoyens (soit moins de 5 % de la population mondiale) ont généré l'année dernière environ 15 % de la performance économique mondiale.

Les excédents de la balance des paiements courants des dernières années pourraient également servir de symbole de cette force économique (relative). Depuis 2012, la zone euro (contrairement aux États-Unis) n'a enregistré que des excédents de la balance des paiements courants. Entre 2013 et 2021, ceux-ci ont même atteint au moins 1,9 pour cent de la performance économique annuelle. Au vu des récentes hausses des prix du gaz et du pétrole, cette balance des paiements courants se détériore, même si elle est restée positive au premier trimestre (+0,7 %).

Mais il n'existe que peu d'alternatives à la zone euro. Ainsi, la performance économique de la Chine et l'attractivité de ce marché sont certes indiscutables. Mais tout investissement y dépend de la volonté d'une direction autocratique. Au vu de l'expérience de ces dernières années avec une sécurité juridique qui se détériore, il devrait donc être de plus en plus difficile pour la Chine d'établir le renminbi (dans le monde occidental) comme monnaie de référence alternative au dollar américain.

Le Japon a certes quelques avantages économiques avec une infrastructure qui fonctionne et des taux d'inflation relativement faibles. Mais cette économie nationale est également confrontée à des problèmes structurels tels que le vieillissement (29 pour cent de la population y a plus de 65 ans - contre 22 pour cent en Allemagne et 17,5 pour cent en moyenne dans l'OCDE) et le surendettement (la dette publique s'élève à environ 260 pour cent du produit intérieur brut (PIB)). A cela s'ajoute une politique monétaire ultra-expansive qui n'a pas d'équivalent depuis des décennies.

Certaines monnaies seraient donc en principe intéressantes (également du point de vue de la diversification ), mais ne constitueraient pas forcément une meilleure alternative à l'euro - à l'exception peut-être du dollar américain.

Déficit chronique de la balance des paiements courants de l'économie américaine

A court terme, la hausse probable (continue) des taux d'intérêt et les implications du conflit ukrainien plaident en faveur du dollar américain. En principe, l'économie américaine est la plus grande et la plus performante du monde. Néanmoins, la balance des paiements américaine est chroniquement déficitaire, ce qui plaide contre une appréciation structurelle du dollar américain. Après la crise financière, le déficit de la balance des paiements américains a oscillé entre deux et trois pour cent du produit intérieur brut (PIB). La force à long terme du dollar américain se nourrit donc avant tout de l'attractivité du marché des capitaux américain, qui a fait ses preuves depuis des décennies.

Mais il est dangereux d'extrapoler arbitrairement la récente force du dollar américain dans le futur . En effet, des évolutions telles qu'une hausse des taux d'intérêt américains risquent de se heurter à des points de réflexion dès lors qu'elles étouffent par exemple le marché immobilier américain et nuisent à la croissance économique globale. En outre, les États-Unis sont également confrontés à des problèmes internes qui pourraient nuire à l'attractivité du marché des capitaux américain. Il s'agit notamment de préoccupations politiques. Ainsi, jusqu'au 6 janvier 2021, il était sans doute inimaginable qu'un président américain autorise sciemment une prise d'assaut du Capitole et ne veuille pas faire reconnaître la légitimité des résultats des élections en sa faveur.

La situation de l'endettement n'est pas non plus un atout. L'endettement total des États-Unis (ménages, entreprises, État) est même un peu plus élevé que celui de la zone euro. De plus, la banque centrale américaine a montré assez souvent dans un passé récent qu'elle était prête à repousser les limites de la politique monétaire. Cela n'a pas été un facteur de confiance.

Le choix de l'embarras

En ce qui concerne l'allocation des devises, les investisseurs n'ont donc pas "l'embarras du choix", mais "le choix de l'embarras". Aussi mauvaise que soit la situation de l'euro, il n'existe pas d'alternative convaincante d'un point de vue fondamental. Pas même le dollar américain, qui devrait déjà avoir intégré nombre de ses avantages à proximité de la parité. Le récit (justifié) d'une faiblesse persistante de l'euro devrait donc être continuellement remis en question de manière critique.

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